ARGENTINE - Actualité (1990-1996)

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République Argentine

Politique intérieure

Le 3 décembre 1990, une rébellion militaire à Buenos Aires échoue. Les mutins, des militaires ultranationalistes se réclamant du colonel rebelle Mohamed Ali Seineldin, se rendent après de violents combats qui font au moins 13 morts. Près de 600 militaires et civils rebelles sont arrêtés.

Le 29 décembre, les principaux chefs de la junte militaire sont graciés par le président Carlos Menem. Au pouvoir de 1976 à 1983, ils avaient été condamnés en 1985 pour leur responsabilité dans la disparition de milliers de personnes victimes de la lutte menée contre la «subversion» d’extrême gauche. Le lendemain, 40 000 personnes manifestent dans la capitale en portant un brassard noir en signe de deuil et de protestation contre la grâce présidentielle.

Le 8 septembre 1991, le Parti justicialiste au pouvoir triomphe de la première épreuve électorale importante depuis l’élection de Carlos Menem. Il obtient 10 des 12 postes de gouverneur de province en jeu. Le président a réussi à rassembler sur son programme une partie des classes moyennes, après sa rupture, en juillet, avec 3 des principaux dirigeants du syndicalisme, qui estimaient que le pacte conclu en 1945 entre le général Perón et leur mouvement était brisé.

Le 14 novembre 1993, le président Menem et le chef de l’opposition radicale, l’ancien président Raul Alfonsín concluent un «pacte démocratique». Celui-ci autorise la réélection du chef de l’État pour un second et dernier mandat, réduit à 4 ans, et accroît les pouvoirs du Parlement au détriment de ceux du président. Cette réforme constitutionnelle est adoptée par le Parlement en décembre.

Le 10 avril 1994, les électeurs se prononcent sur l’accord conclu en novembre 1993 entre le président Menem et Raul Alfonsín. Les résultats des élections (bon score du Parti justicialiste et, dans une moindre mesure, du Parti radical) donnent à Carlos Menem l’assurance d’obtenir la majorité à l’Assemblée constituante qui doit se réunir dans les 2 mois. Il pourra également briguer un second mandat en 1995.

Le 21 août, l’Assemblée constituante adopte, à l’unanimité, la nouvelle Loi fondamentale qui autorise le chef de l’État à briguer un second mandat consécutif. La Constitution réaffirme également la souveraineté de l’Argentine sur les îles Malouines.

En février 1995, les aveux d’un officier d’aviation qui reconnaît avoir précipité dans la mer des prisonniers vivants depuis son avion, durant la période de la dictature (1976-1983), relancent le débat sur les «disparus». Ils sont suivis d’autres témoignages identiques. Le président Menem demande que le passé soit oublié. L’armée est toutefois contrainte de procéder publiquement à son autocritique.

Le 14 mai, Carlos Menem, président depuis mai 1989, est réélu dès le premier tour à la tête de l’État pour un mandat de 4 ans – au lieu de 6, auparavant –, avec 49,7 p. 100 des suffrages – 45 p. 100 suffisent au premier tour. Son principal adversaire, José Bordón, un dissident péroniste dirigeant la coalition de centre-gauche du Frepaso (Front pour un pays solidaire), qui avait fait campagne contre la corruption du pouvoir, obtient 29,4 p. 100 des voix. Horacio Massaccesi, candidat du Parti radical, ne recueille que 17 p. 100 des suffrages. Le Parti justicialiste remporte la majorité absolue au Parlement, avec 132 sièges sur 257. Le Parti radical en obtient 71 et le Frepaso, 27.

Le 9 février 1996, José Bordon annonce qu’il quitte le Frepaso pour prendre la direction d’un parti péroniste dissident hostile au président Menem.

En février, le Congrès accorde des pouvoirs exceptionnels au président Menem pour poursuivre la réforme de l’État.

Le 30 juin, lors des élections municipales, le candidat du Parti radical, Fernando de la Rúa, devient le premier maire de Buenos Aires élu au suffrage universel direct.

Le 26 juillet, le ministre de l’Économie, Domingo Cavallo, démissionne. Partisan d’un approfondissement de la politique de réformes économiques, il avait publiquement dénoncé les réseaux «mafieux» agissant jusque dans l’entourage du chef de l’État. Il est remplacé par Roque Fernández, président de la banque centrale, un technicien tout aussi ultralibéral.

Vie économique

L’inflation se modère en 1990, en conséquence de la récession provoquée par la politique de choc de Carlos Menem. L’action du gouvernement s’appuie sur un important programme de privatisations (la compagnie des téléphones Entel et la compagnie aérienne Aerolinas Argentinas), destiné à renflouer les caisses de l’État, mais surtout à alléger le poids budgétaire des subventions et du déficit des entreprises publiques. En avril, le F.M.I. donne un satisfecit à la politique du gouvernement et annonce en mai son intention de débloquer un crédit qui avait été gelé en raison de l’envolée des prix. L’Argentine reprend ses remboursements au F.M.I. qui avaient été interrompus en 1988. Un décret prévoyant le licenciement de 120 000 fonctionnaires en 3 ans est signé en novembre.

En 1991, le dispositif clé du quatrième plan anti-inflation est constitué par la convertibilité de la monnaie, instaurée en avril. Le déficit budgétaire ne pourra plus être financé par l’émission de monnaie, à moins qu’elle ne soit couverte par de l’or ou des devises convertibles. En février, le Congrès approuve le volet fiscal du plan, visant à améliorer les finances par une augmentation des recettes, avec pour objectif la réduction du déficit budgétaire. En juillet, l’indexation des salaires est supprimée.

En 1992, le redressement de l’économie se poursuit. L’Argentine est citée en modèle pour les pays en développement lourdement endettés. Le programme de privatisations est largement engagé, la profitabilité des entreprises s’est améliorée et les prix sont en voie de stabilisation. Cette politique joue toutefois aux dépens de la monnaie, devenue le point faible. La politique d’austérité motive en novembre une grève générale, la première depuis l’élection de Carlos Menem.

En 1993, l’inflation est évaluée à moins de 10 p. 100. Ce résultat inespéré fait passer au second plan le fait que le chômage est à son plus haut niveau depuis 20 ans, touchant 9,9 p. 100 de la population active. Les émeutes intervenues à la mi-décembre dans la province de Santiago del Estero constituent également un avertissement. La stratégie économique de Carlos Menem repose sur une parité absolue entre le peso et le dollar. Or, les faiblesses structurelles de l’Argentine se traduisent par une surévaluation du peso et, en conséquence, par un fort déficit commercial. Ces difficultés sont censées être transitoires. En mai, la Chambre des députés vote le principe d’une réforme du régime d’assurance-vieillesse. Les modalités de l’accord de rééchelonnement de la dette commerciale du pays, conclu le 6 décembre 1992 dans le cadre du plan Brady, sont arrêtées le 7 avril, ce qui met fin à une crise financière de 11 ans.

En 1994, le président Menem conforte le pouvoir politique jugé nécessaire à la pérennisation de son plan de stabilisation et de redressement économique. Malgré le coût social élevé des réformes libérales, le mouvement syndical s’essouffle. La hausse des taux américains et l’appréciation du peso par rapport au dollar créent quelques difficultés financières.

Le 26 septembre, le gouvernement déclare qu’il renonce à solliciter de nouveaux emprunts auprès du F.M.I. pour se tourner vers le marché international de capitaux. En octobre, Buenos Aires annonce le lancement d’un emprunt international de 500 millions de dollars.

En 1995, le pays doit faire face à la récession et à une résurgence du malaise social, causée par l’augmentation du chômage et des inégalités. Les effets de la crise mexicaine, qui entraîne une fuite des capitaux, sont énergiquement combattus par des mesures de soutien au système bancaire. L’Argentine a de nouveau recours aux crédits du F.M.I., tout en poursuivant l’assainissement de ses finances.

L’indice des prix du mois de mars est en baisse, pour la première fois depuis 1974.

L’année 1996 est marquée par une faible reprise, après la récession subie en 1995. Si la production industrielle est en hausse, la balance commerciale reste déficitaire. Les pouvoirs exceptionnels confiés par le Congrès au président Menem en février permettent à celui-ci de prendre des mesures visant à diminuer les dépenses publiques et à augmenter les recettes fiscales. Cela met l’Argentine en position d’obtenir du F.M.I. un nouveau crédit stand-by de 1 milliard de dollars, ainsi qu’un prêt de 2,4 milliards de la Banque internationale de développement. Toutefois, ces crédits viennent encore alourdir une dette publique qui s’élève à 83 milliards de dollars. Par ailleurs, le creusement des inégalités suscite un malaise social croissant. Le chômage, notamment, atteint le taux record de 17,1 p. 100. La Confédération générale du travail, jusqu’alors favorable au pouvoir, se démarque de la politique gouvernementale en lançant, en août et en septembre, des mots d’ordre de grève générale très suivis.

Relations internationales

Le 15 février 1990, les relations diplomatiques avec la Grande-Bretagne sont rétablies, 8 ans après la guerre des Malouines.

George Bush se rend en Argentine lors de sa tournée dans 5 pays d’Amérique latine (3-8 déc.), la première d’un président américain dans la région depuis 30 ans, afin de définir avec eux les termes d’un nouveau partenariat.

Le 26 mars 1991, l’Argentine, le Brésil, l’Uruguay et le Paraguay signent le traité créant le Mercosur, le marché commun les unissant.

Fin du contentieux frontalier entre l’Argentine et le Chili. Le 2 août, le président chilien Patricio Aylwin, en visite à Buenos Aires, et Carlos Menem signent plusieurs accords sur le tracé de la frontière entre les 2 pays. Long de 5 400 kilomètres, celui-ci était l’objet de litiges et la cause de plusieurs incidents graves depuis un siècle. Des accords économiques sont également signés.

Le 17 mars 1992, un attentat à la bombe contre l’ambassade d’Israël à Buenos Aires détruit le bâtiment et ravage le quartier, faisant 28 morts et 235 blessés. Le lendemain, le Djihad islamique, depuis Beyrouth, revendique l’attentat.

Du 6 au 10 janvier 1993, visite du secrétaire au Foreign Office Douglas Hurd, la première d’une personnalité britannique de ce rang en Argentine depuis la guerre des Malouines.

Le 18 juillet 1994, un attentat à la voiture piégée dirigé contre l’immeuble de l’Association mutuelle israélite argentine, à Buenos Aires, cause la mort d’au moins 96 personnes.

Le 1er janvier 1995, le Mercosur entre en vigueur. Il s’agit de la quatrième union commerciale mondiale après l’A.L.E.N.A., l’Union européenne et l’A.P.E.C.

Le 20 novembre, Buenos Aires extrade vers l’Italie l’ancien capitaine SS Erich Priebke. Il est accusé de crimes de guerre pour avoir été l’un des responsables du massacre des fosses Ardéatines, à Rome, en mars 1944, au cours duquel 335 otages avaient été assassinés.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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